Page 27 - Le Portrait Espagnol au Musée du PradoLe Portrait Espagnol au Musée du Prado
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la Péninsule ibérique et dans les possessions d’Amérique intégrées dans l’empire espagnol. De même, la Fabrique royale de Tapisseries de Santa Bárbara, fondée en 1721, allait deve- nir un incubateur de jeunes talents, parmi lesquels certains devinrent avec le temps des figures importantes, comme Andrés de la Calleja (1705-1785), Antonio González Ruiz (1711-1788), les González Velázquez – surtout Antonio (1723-1794) et Zacarías (1763-1834) –, Francisco Bayeu (1734-1795), Mariano Salva- dor Maella (1739-1819) et Francisco de Goya (1746-1828), lesquels, en plus d’avoir réalisé presque tous les cartons pour la manufacture, furent aussi de grands portraitistes.La seconde moitié du siècle, contraire- ment à la première, offre donc un panorama brillant et prometteur. Beaucoup plus d’ar- tistes se rendirent en Italie et d’autres com- binèrent les enseignements de l’esthétique baroque avec les principes du Néoclassicisme naissant, tel le grand portraitiste Anton Ra- phaël Mengs (1728-1779), présent à Madrid dès le début du règne de Charles III (1759- 1788). Au début de cette période, arriva éga- lement à la cour madrilène Giambattista Tie- polo (1696-1770), en compagnie de ses deux  ls Giandomenico (1727-1804) et Lorenzo (1736-1776) ; seul le troisième peut être qua- li é de portraitiste en raison des magni ques portraits au pastel, alors que son père et son frère se consacrèrent à la grande décoration murale, dont la réussite est visible à travers les impressionnantes peintures des plafonds du Palais royal. Cette époque fut ainsi mar- quée par la  n du réaménagement de la rési- dence royale de Madrid, une œuvre monu- mentale initiée par Philippe V, poursuivie25par Ferdinand VI (1746-1759) et achevée sous Charles III. Ce fut aussi un temps de déve- loppement économique et culturel : les Lu- mières, qui contribuèrent au renouvellement de l’art espagnol jusqu’à son apogée à la  n de ce siècle et au commencement du suivant. Quelques peintres importants étaient cepen- dant restés en marge des commandes of - cielles ou ne vivaient pas à la Cour, comme le portraitiste assez médiocre et grand auteur de natures mortes Luis Meléndez (1716-1780) ou Luis Paret y Alcázar (1746-1799), auteur de délicieuses scènes d’esprit rococo et de portraits singuliers, certains au Prado, ainsi que d’autres excellents portraitistes. Dans l’ensemble, ils contribuèrent tous à l’image d’un XVIIIe siècle très proche de l’Europe et ayant évolué très rapidement.Mais cette période fertile et brillante s’est achevée avec la déposition de Charles IV (1788-1808), la crise de la monarchie, l’invasion française du royaume par Joseph Bonaparte (1808-1813) et la Guerre d’Indé- pendance qui a suivi. Seul Goya sut survivre au marasme mais sa peinture devenue uni- verselle n’était plus seulement espagnole. Ses superbes portraits, dont le Prado possède une collection inégalable (voir, par exemple,  g. 7 et cat. 8), ont contribué à diversi er son empreinte, même hors d’Espagne. Aussi, grâce à ses peintures, dessins et gravures, son in uence s’est étendue au-delà du début du XXe siècle et a fondé un grand nombre de courants esthétiques contemporains, pré - gurant les avancées de ces dernièrs.Loin de la capitale du royaume, la vie des autres écoles, comme celle de Valence, relevait encore beaucoup, au début du


































































































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