Page 81 - Le Portrait Espagnol au Musée du PradoLe Portrait Espagnol au Musée du Prado
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une activité plus personnelle et intime. C’est l’époque des sombres scènes de la vie madrilène, comme les Caprices (1799), les Tauromachies (1814), Les Désastres de la guerre (1808-1814) et les Disparates ou Proverbes(v. 1819-1821), ainsi que les tableaux de cabinet aux idées novatrices et singulières. La guerre d’Indépendance et l’arrivée de Ferdinand VII (1814), avec la répression politique qui s’ensuivit, furent des périodes déterminantes dans la vie du peintre et affectèrent son œuvre artistique fortement marquée par des idées progressistes et libérales qui le conduisirent à l’exil en 1824. Il mourut le 16 avril 1828. M. M. M.LE GRECOCandie, Crête, 1541 – Tolède, 1614Domenikos Theotokopoulos fut l’artiste le plus remarquable de sa génération. Considéré comme le peintre fondateur de l’École espagnole du XVIe sièclesous le règne de Philippe II, il arriva en Espagne en 1576 après une formation étendue et diversi ée, acquise dans sa Crète natale et dans la péninsule italienne, incorporant des in uences byzantineset celles de la Renaissance Italienne. Sa liberté d’expression, mise au service d’une haute spiritualité, ainsi que sa science des techniques picturales, ont fait du Greco l’un des représentants les plus brillants et les plus originaux du courant maniériste. Après un travail éblouissant pour l’église de Santo Domingo el Antiguo à Tolède, Le Greco tenta d’entrer dans les faveursdes deux grands mécènes de l’Espagne du XVIe siècle: le roi et l’Église de Tolède. Bien qu’il présentât, pour ces deux mécènes, deux grandes toiles aujourd’hui considérées comme capitales pour l’art espagnol – Le martyre de saint Maurice (monastère de l’Escurial) et Le partage de la tunique duChrist (cathédrale de Tolède) –, l’artiste ne parvint pas à mener sa carrière dans ces deux directions. Le Greco s’attacha alors, et ce jusqu’à la  n de sa vie, à peindre pour les églises et les couvents de Tolède et de ses environs, réalisant des œuvres pleines d’originalité et d’expressivité. Il se révéla également un grand portraitiste à une époque où le portrait moderne n’était pratiqué qu’à la Cour. Sa galerie de portraits de personnages tolédans égale par sa virtuosité les meilleures œuvres de la Renaissance vénitienne. Réalisés d’un coup de pinceau libre et vigoureux, leur expression intense les distingue de la raideur des portraits d’apparat peints à la cour d’Espagne. L. RVICENTE LÓPEZ PORTAÑAValence, 1772 – Madrid, 1850Vicente López Portaña commença sa formation artistique à l’Académie des Beaux- Arts de San Carlos à Valence, laquelle lui octroya une bourse pour étudier à Madrid, en 1789. À la cour d’Espagne il fut le disciple de Mariano Salvador Maella et découvrit dans les appartements royaux le faste baroque des fresques de Luca Giordanoet de Corrado Giaquinto qui allaient79


































































































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