Page 75 - Le Portrait Espagnol au Musée du PradoLe Portrait Espagnol au Musée du Prado
P. 75

réalisa aussi un portrait, en 1854, d’un autre de ses frères, Ignacio Girona Agrafel, et de son épouse (Barcelone, collection particulière).Celui de Saturnina Canaleta, épouse de Girona, est l’un des plus élégants portraits féminins de l’artiste. Comme dans d’autres portraits réalisés par le peintre, celui de l’épouse devait se trouver à gauche, de sorte que le geste élégant des mains, dont l’une est gantée, pointe directement l’ef gie de son mari, située à droite. Le jeu avec les gants, fréquent dans certains portraits datant du Second Empire, comme ceux réalisés par Jean-Auguste- Dominique Ingres et Édouard Dubufe, apparaît déjà dans le portrait de Francisca de Sales Portocarrero y Palafox, duchesse d’Albe (Séville, Casa de Alba) qu’il avait réalisé l’année précédente.Le vêtement, décoré d’une broche de diamants en pendentifs dans le décolleté, laisse apparaître le modelé  n des épaules. De même, les brillants sertis d’or, la bague, les pendants et le bracelet resplendissent sur les chairs à la carnation délicate et accentuent la richesse de la robe rehaussée d’un précieux cachemire. Le rideau, d’un  ou étudié, est typique de ce genre de portraits féminins.Le journal du peintre permet de documenter la réalisation du portrait, auquel se réfèrent des notes du 22 janvier 1856, date à laquelle il est écrit que l’artiste en commença l’élaboration et pour lequel il travailla également les 23, 24, 25 et 26 janvier. Il peignit le costume les 14, 15, 16 et 18 février, et les 21 et 22 du même mois il composa le fond du tableau. Celui-ci resta quelques temps inachevé et aucune note ne le mentionne avant les 8 et 10 novembre de la même année 1856, lorsque le modèle cessa de poser, et c’est seulement le 18 novembre que le portrait fut terminé. L’artiste toucha, pour les deux, seize mille réaux : la même somme que pour les portraits de Segismundo Moret et de son épouse. Comme ces derniers, il les a encadrés d’une riche moulure dorée, aux angles arrondis, encore conservée.JAVIER BARÓNBIBLIOGRAPHIE : González López 1981, pp. 179-80, n.os 383-84; Puente 1985, pp. 167-68; J. L. Díez dans Madrid 1994, pp. 270-72, n.os 54-55; J. Barón dans Santa Cruz de Tenerife 2010-11, pp. 150-53, n.os 58-5973


































































































   73   74   75   76   77