Page 74 - Le Portrait Espagnol au Musée du PradoLe Portrait Espagnol au Musée du Prado
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laquelle l’alliance portée à l’annulaire brille sans éclat, étant dans la zone d’ombre du tableau. La prouesse picturale révèle la matière translucide du col de la chemise, et se note dans la subtilité avec laquelle l’artiste a peint la barbe naissante du menton, mince et blonde, laissent passer la lumière à travers elle.L’artiste commença ce portrait le 8 février 1856, notant, ce jour-là, dans son agenda : « Aujourd’hui, j’ai fait l’ébauche de la tête du Sr. de Girona (D. Jaime) ». Il continua sa tâche le jour suivant, le 2 mars, lorsque le portraituré se rendit à son atelier, et ainsi de suite les 21, 22, 24 et 25 mars, devant modèle. Il réalisa le fond les 3 et 4 avril et peignit également, en présence de Girona, les 6 avril et 25 mai, date à laquelle il acheva l’œuvre. La précision des annotations permet d’af rmer que l’artiste travailla son portrait durant au moins onze sessions.Né à Barcelone, Jaime Girona y Agrafel (1826-1907) était le  ls d’Ignacio Girona y Targa, originaire de Tárrega, propriétaire d’une petite of cine bancaire et fondateur de la Société des Diligences et Messageries de Barcelone, et de Rita Agrafel, de Barcelone. Avec son frère Manuel – lui aussi portraituré plus tard, en 1862, avec son épouse, par Federico de Madrazo – et son associé Juan Bautista Clavé y Vidal, il prit part à de nombreuses entreprises  nancières à travers la société « Girona Frères, Clavé et Compagnie ». Ainsi, en 1853, ils obtinrent la concession du canal d’Urgell et  nancèrent ensuite la construction du chemin de fer entre Barcelone et Saragosse. Avec le marquis de Vinent et Rafael Cabezas, il créa la Banque de Castille, qu’il  nit par présider. Il mena également une carrière politique, élu député de Barcelone entre 1863 et 1864, puis sénateur de Puerto Rico en 1881-1882 et 1884, et de Lérida en 1884-1885, renouvelant sa législature en 1891-1893, en tant que sénateur à vie, charge à laquelle il renonça face à celle de sénateur de Lérida. Il a appartenu au « groupe parlementaire catalan » qui est intervenu de façon décisive dans l’industrialisation de la Catalogne et aussi dans de grandes entreprises d’outre-mer, comme la Banque hispano- coloniale et la Compagnie Générale de Tabacs des Philippines. Madrazo72


































































































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