Page 53 - Le Portrait Espagnol au Musée du PradoLe Portrait Espagnol au Musée du Prado
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portraits des membres de la famille royale (parmi eux, celui de l’infante Marie), a remis en question la datation de cette œuvre, et bien que cette notice ne permette pas de savoir avec certitude si le peintre réalisa ces tableaux, il est certain que les historiens de l’art utilisent ces deux dates et procèdent à des analyses stylistiques a n de se décider pour l’une ou l’autre. De fait, Gudiol a opté pour la date la plus ancienne, en raison du traitement du visage, proche de la méthode employée par Velázquez dans les portraits de Philippe IV et de l’infant don Carlos, antérieurs au premier voyage en Italie du maître sévillan. Une telle observation est valable pour le visage mais la façon de travailler les cheveux en touches nerveuses et brèves, ainsi que la qualité picturale de la grande fraise, à la fois douce et distincte du visage, imposent de retenir la date de 1630.Pour retrouver, dans l’œuvre de Velázquez, un traitement similaire du grain du visage, il faut attendre la tête d’ Apollon dans La Forge de Vulcain (Musée du Prado, P-1171), alors peint précisément en Italie. Il convient également de rappeler l’analyse de López-Rey : en ce qui concerne les visages de ses modèles, le peintre n’agissait pas de la même façon devant le roi (ou la famille royale) que devant le commun des mortels ; un cer- tain degré de hiératisme et une plus grande plasticité pour les premiers, et des touches beaucoup plus libres, détachées et d’une facture plus vi- vante pour les seconds.Il existe aussi des doutes quant à l’histoire de ce tableau dans les Collec- tions royales. On pense qu’il a pu s’agir du tableau que possédait Veláz- quez dans son appartement, à sa mort en 1660, mais l’absence d’indica- tions  ables dans les inventaires jusqu’à son arrivée au musée du Prado, rend dif cile toute af rmation sinon que le tableau provient de la Col- lection royale. Plusieurs copies de ce tableau existent dans différentes collections, mais peu ont à voir avec la touche vélazquézienne.JUAN J. LUNABIBLIOGRAPHIE : López-Rey 1963, pp. 248-49 ; Brown 1986, p. 79v; Harris [1982] 1991, p. 70v; Marías 1999b, p. 98 ; Pékin 2007, pp. 222-23, n.o 13 ; Cruz Valdovinos 2011, pp. 80-82 ; López-Rey et Delenda 2014, pp. 349-51, n.o 4551


































































































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