Page 52 - Le Portrait Espagnol au Musée du PradoLe Portrait Espagnol au Musée du Prado
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Marie d’Autriche (1606-1646),  lle de Philippe III et sœur de Philippe IV, est née à l’Escurial et est décédée à Linz ; son destin, à la mesure de son ori- gine royale, fut de devenir une pièce du jeu politique des alliances matrimo- niales auxquelles, selon la tradition, s’adonnaient toutes les cours d’Europe. Par sa condition d’infante nubile, on pensa un temps à elle a n d’amélio- rer les relations diplomatiques avec l’Angleterre, ce qui fut à l’origine du fameux voyage du Prince de Galles, le futur Charles Ier, à Madrid en 1623, dont il revint seul et sans promesse de mariage, mais en possession d’un magni que tableau que lui offrit celui qui aurait pu devenir son beau-frère. Après l’échec de cette tentative d’alliance, qui s’explique par l’incompa- tibilité religieuse des deux intéressés, Marie fut promise, quelques années plus tard (1626) à son cousin Ferdinand de Habsbourg, alors roi de Hongrie et plus tard empereur du Saint Empire Romain Germanique. Elle se maria par procuration à Madrid en 1629, et quatre ans plus tard, elle contribua en n à cette longue histoire de mariages consanguins – « la consanguinité barbare » selon les mots de Gregorio Marañón – quand elle donna le jour à une  lle, Marie-Anne d’Autriche, qui épousa elle-même bien plus tard son oncle Philippe IV et donna naissance à Charles II.On a longtemps considéré que ce tableau si convaincant, peint sur le vif, au naturel, est celui dont parle Pacheco quand, évoquant le voyage de son gendre en Italie, il écrit qu’ à Naples, « il peignit un joli portrait de la reine de Hongrie, pour le porter à sa Majesté », ce qui permettrait de le dater entre le 13 août et le 18 décembre 1630. Il s’agirait cependant d’une demande du roi qui désirait conserver un souvenir visuel de sa sœur – partie rejoindre l’Autriche par la route de Vienne depuis l’Espagne –, et qu’il pensait ne jamais revoir ; dans ce sens, il pourrait être comparé avec les autres portraits très nombreux qui furent réalisés dans les cours d’Europe avec l’objectif, pour les absents, de suivre l’évolution physique des membres éloignés de la famille.Cependant, la découverte d’un document daté de la  n du mois d’oc- tobre 1628, en lien avec la commande faite à Velázquez de plusieurs50


































































































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