Page 49 - Le Portrait Espagnol au Musée du PradoLe Portrait Espagnol au Musée du Prado
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continuité dynastique, ce que la représentation plastique résume parfaite- ment à travers cette toile qui reprend des modèles créés au milieu du XVIe siècle. Le prince apparaît en pied, de face, bien que légèrement tourné sur le côté et porte la main gauche sur le pommeau de son épée tandis que la droite est posée sur la tête d’un nain, Miguelito «el Soplillo». Selon les codes de représentation, sérénité, calme et distance étaient les attributs habituels d’un bon monarque. De même, le décor dans lequel est campé le personnage est chargé de sens et s’organise de façon symbolique dans la composition : le rideau, la colonne sur son soubassement et la table font référence au statut et à la condition du personnage. Dans la même perspective, la présence du nain prend une signi cation particulière. Ce personnage arriva à la Cour, depuis les Flandres, offert en présent par l’infante Isabela Clara Eugenia, la tante du prince et futur roi. Le 15 mai 1622, il participa à la représentation de La gloire de Nicée, du comte de Villamediana. La présence de Soplillo dans la peinture peut être in- terprétée comme un geste de bienveillance et de piété, le lien avec le serviteur symbolisant la protection que le prince allait étendre à tous ses futurs sujets. Il peut être aussi interprété comme un hommage à Isabela Clara Eugenia, représentée quarante ans plus tôt de la même façon, au côté de la naine Magdalena Ruiz.Une copie de ce portrait est conservée au Monastère royal de l’Incarnation (Madrid) avec, cependant, quelques variantes ; la plus signi cative étant l’absence du petit serviteur.LETICIA RUIZ GÓMEZBIBLIOGRAPHIE: Itinérante1994-95,n.o1;Varela1999,pp.195-96;L.RuizGómezdansRiodeJaneiro2000, pp. 58-59 ; Bass 2008, p. 105 ; Herrero García 2014, p. 110, n.o 29 ; Miller 2014, vol. II, p. 299, n.o 6 ; Portús Pérez 2015, pp. 35-4547